Soft Options, Hard Edges
30 avril – 13 juin 2021Bradley Ertaskiran est ravie de présenter Soft Options, Hard Edges dans le bunker, une exposition individuelle de Stephanie Temma Hier.
Les peintures-céramiques hybrides de Stephanie Temma Hier nous ouvrent l’appétit. Un amoncèlement d’énormes crabes lustrés prennent d’assaut une peinture à l’huile représentant deux mains qui se massent l’une l’autre. Une pomme rouge, brillante, s’enroule autour d’un ensemble parfaitement aligné de dents étincelantes et de gencives humides de salive. Un désordre impie de souliers sales – lorsqu’on les regarde de loin – évoquent des moules collées sur les bords d’une grande toile dépeignant une table dressée de manière impeccable. Une bouche est largement déployée au-dessus de rangées de saucisses suspendues, à la fois alléchantes et légèrement dérangeantes. Nourriture ou pas, tout est appétissant, séduisant par leur vernis miroitant et par leur excès. Ces associations étranges évoquent les processus de consommation : avant, pendant et après l’acte. Les plaisirs sensoriels abondent, leurs rendus classiques attirent le regard affamé, les yeux, dévorent les images.
Les titres des œuvres surprennent. Faisant de prime abord vraisemblablement référence à leur contenu, ils ne font que nous mystifier davantage. Ils évoquent un monde dans lequel ces étrangetés pourraient avoir du sens, où elles pourraient trouver leur place. À travers une lutte entre médiums, les œuvres de Hier abordent la peinture autrement, tels des sculptures peintes plutôt que des peintures sculptées. Les toiles ne jaillissent pas en dehors de leurs cadres littéraux et métaphoriques, ce sont les cadres qui ouvrent des brèches dans les toiles. Les formes en grès jaillissent dans l’espace, bloquant ou engloutissant parfois les images peintes qu’elles entourent. Elles se disputent l’attention, elles deviennent le plat de résistance.
À une époque où notre ingestion vorace d’images ne semble pas rassasier nos appétits rétiniens ou nourrir nos regards, les œuvres de Hier constituent une rupture salutaire. Face au défilement sans fin et aux recherches d’images en ligne qui parsèment notre temps présent, celles-ci offrent un recueil critique, un lent égrenage de ce que nos yeux peuvent goûter, et de ce que nos bouches veulent voir.
– Charlene K. Lau
Stephanie Temma Hier (née à Toronto, Canada en 1992) vit et travaille aujourd’hui à Brooklyn (New York). Elle est titulaire d’un baccalauréat au Ontario College of Art and Design University (Toronto) et elle a suivi une formation à l’Academy of Art Canada (Toronto). L’artiste a présenté plusieurs expositions personnelles, notamment à Gallery Vacancy (Shanghai), Franz Kaka (Toronto), David Dale (Glasgow), Y2K Group (New York), Downs and Ross (New York) et Neochrome Gallery (Turin). Elle a participé à de nombreuses expositions collectives, telles qu’à Nino Mier Gallery (Los Angeles), Arsenal Contemporary Art (New York), Fisher Parrish (Brooklyn), Three Four Three Four (Brooklyn), Galerie Antoine Ertaskiran (Montréal), Thierry Goldberg (New York), la Galerie Plus One (Anvers), Anonymous Gallery (Mexico), Bureau (New York), The Kitchen (New York), Museo della Frutta (Turin), The Power Plant (Toronto), Art Gallery of Ontario (Toronto) et Johannes Vogt (New York). Hier fut finaliste du concours de peinture RBC en 2016 et 2018. Au cours de sa carrière, Hier a reçu de nombreuses subventions du Conseil des Arts du Canada et de la Fondation Elizabeth Greenshields. Elle a participé à des résidences à Hospitalfield (Écosse) et à Shandaken: Stormking (New York).
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