Toute Pensée émet un Coup de Dés
10 novembre – 17 décembre 202210 novembre – 17 décembre 2022
Bradley Ertaskiran se réjouit de présenter Toute Pensée émet un Coup de Dés, une exposition solo d’œuvres récentes de Lucas Blalock. Il s’agit de la première exposition de l’artiste dans une galerie canadienne.
Empruntant son titre aux derniers mots d’un poème de Stéphane Mallarmé, Toute Pensée émet un Coup de Dés est constituée de deux parties : des photographies surdimensionnées dans l’espace Bunker et de plus petites œuvres dans l’arrière-salle de la galerie. Les premières sont des impressions UV tendues sur des faux-cadres et appuyées contre les murs, dominant le visiteur et s’apparentant davantage à d’imposantes sculptures qu’à des photographies traditionnelles.
Cette installation s’inscrit dans la volonté de Blalock de chercher à réimaginer la photographie à travers des rencontres corporelles. Lors d’expérimentations précédentes il a incorporé des sujets tangibles et charnus dans ses scènes, photographiant des hot-dogs, du bœuf haché, des fragments de corps et des animaux en peluche. Le corporel est également amplifié par les diverses techniques utilisées par l’artiste : recourant à des outils numériques telle que la peinture au doigt, travaillant dans l’espace interpénétré de la réalité augmentée et par des interventions sculpturales. Blalock souhaite réinventer notre relation contemporaine aux images en explorant les potentiels sensoriels d’un médium autrement éphémère et vécu à travers un écran.
Les œuvres imposantes et les objets surréalistes de l’exposition rappellent des décors de théâtre ou de navrants panneaux d’affichage. Mais, ici, les scènes se font allusions, évoquant la relation subtile entre l’objet et le rôle abstrait qu’il joue dans sa propre image. Les sujets des œuvres — un morceau de papier plié, une douche téléphone, des fermetures éclair — sont à la fois banals et inusités, mais indéniablement monumentaux. the chance encounter illustrated by the meeting of the sewing machine and umbrella on an ironing board (2010-2022), un titre qui fait référence au poète surréaliste Comte de Lautréamont décrivant la beauté des réalités incompatibles, montre un tuyau d’évacuation pour sécheuse tordu, rappelant la Vierge et l’Enfant enlacés, baignés dans un halo industriel. Fork in Motion (2015-2022), montrant des fourchettes empilées contre une mousse rose organique, et Athletic Portrait (2018-2022), montrant une pièce de métal concave posée sur un tapis rouge, qui n’est pas sans rappeler l’articulation d’une hanche ou d’une l’épaule, évoquent d’élégants concepts modernistes.
Dans ces deux corpus d’œuvres, Blalock est inspiré par les tensions résidant dans l’allusion et s’approprie les codes du surréalisme, du pop et du postminimalisme. Il se joue du passé et repousse les limites de nos relations inextricablement liées — tout comme la photographie — à notre situation contemporaine. Le monde des objets est nôtre, enchevêtré dans le jetable, la marchandisation du désir et le plastique, mais l’impression demeure que ces compositions et ces personnages sont repliés sur eux-mêmes, opérant selon leurs propres termes — avec ou sans nous. Ils se sont résignés à leur absence de valeur, mais, comme le dit Mallarmé dans sa propre réplique potentielle au titre de Blalock : « Un coup de dés jamais n’abolira le hasard ».
Conversation: Nous sommes heureux de présenter une conversation entre les artistes Jessica Eaton et Lucas Blalock le samedi 12 novembre à 15h. L’évènement est gratuit et ouvert à tous et à toutes. La conversation se déroulera en anglais.
Lucas Blalock (né en 1978 à Asheville, Caroline du Nord), vit et travaille à Brooklyn, New York. Ses œuvres ont été exposées au Museum of Modern Art (New York), au Walker Art Center (Minneapolis), au Metropolitan Museum of Art (New York) et à la Whitney Biennial 2019. Il a présenté des expositions individuelles à l’Institute of Contemporary Art (Los Angeles), au Museum Kurhaus (Clèves, Allemagne), à Ramiken Crucible (New York), à White Cube (Londres), à la Galerie Eva Presenhuber (New York et Zurich) et à Rodolphe Janssen (Bruxelles). Parmi ses publications à paraître, mentionnons Oar Or Ore (Museum Kurhaus and Abroms-Engel Institute for the Visual Arts), une vaste étude du travail de Blalock depuis 2013, ainsi que Why Must the Mounted Messenger Be Mounted? (Objektiv, 2022), le premier ouvrage signé par l’artiste.
Pour consulter les œuvres de Lucas Blalock, cliquez ici.