Mariphasa lupine lumina
10 novembre – 17 décembre 202210 novembre – 17 décembre 2022
Bradley Ertaskiran se réjouit de présenter Mariphasa lupine lumina, une exposition solo de nouvelles œuvres photographiques par Jessica Eaton.
Mariphasa lupine lumina fait référence à une fleur rare, sélénotrope et phosphorescente, du film Werewolf of London de1935. Entièrement fictive, capable de produire sa propre lumière et de suivre la lumière de la lune, cette fleur existe en dehors de la réalité, comme une sorte d’expression poétique de l’expérimentation constante de Jessica Eaton et de la maîtrise de son médium afin de créer des photographies hors de la perception visuelle normale.
Au cours de la dernière décennie, Eaton a interrogé la création d’images avec une approche à la fois complexe et contrôlée. Ici, elle s’intéresse au bas-relief, un relief sculpté en creux, mais également à un procédé photographique peu connu datant de la fin des années 1800, qui, comme bon nombre de procédés photographiques historiques ne favorisant pas les normes réalistes ou l’hyper indexation de l’époque, a été relégué aux oubliettes. Eaton réinterprète et adapte ce procédé traditionnel pour lui faire adopter des comportements allant au-delà de ceux dictés par l’histoire ou trouvés dans les manuels techniques de la chambre noire. Comme pour sa série Cfaal, elle a recours aux paramètres techniques de prises de vues distinctes et multiples pour créer des images en couleur, exploitant une logique et une méthodologie jusqu’alors inexplorées, appliquées à des contraintes techniques. Ici, tout comme dans l’ensemble de sa pratique, Eaton ne voit pas que les possibilités de découvrir et de faire revivre des techniques qui n’ont pas été exploitées à leur plein potentiel, mais également celles de les amener dans de nouveaux domaines.
Le récent travail de Jessica Eaton se concentre sur des arrangements floraux saisissants à l’allure tridimensionnelle, qui, lorsqu’on y regarde de plus près, défient la perception de la profondeur avec une surface trompeuse, en relief ou gravée. Et alors que la proposition de Jessica Eaton évoque les traditions botaniques de l’histoire de l’art, les natures mortes hollandaises, les tournesols de Van Gogh, c’est l’effet d’illusion qui rend ses photographies impressionnantes et novatrices. Chaque pétale, chaque feuille est agrandi et généreusement texturé, une flore aux contours nets et au feuillage vif se détachant sur le fond mat, comme écrasée sous du verre. D’autres photographies en noir et blanc montrent des tiges très contrastées dans des récipients minimalistes, dont les variations de tonalités sont si subtiles, si contrôlées qu’elles semblent sculptées dans une pierre illuminée. Une douce lumière semble jaillir de chaque fleur, à la façon des rayons ultraviolets émis par les plantes, réelles ou fictives, invisibles à l’œil nu. L’effet dramatique et en trompe-l’œil souligne, comme les œuvres précédentes d’Eaton, son engagement méthodique et méticuleux envers le processus, quel que soit le sujet.
Si l’histoire de la photographie a privilégié la rapidité, la facilité et la commodité au détriment de l’expérimentation et de l’échec créatif, la réappropriation de techniques révolues par Jessica Easton représente un plaidoyer pour l’expression artistique au-delà de la simple reproduction ou documentation. Mariphasa lupine lumina ne fait pas que célébrer les astuces visuelles et la maîtrise technique qui ont fait la renommée de l’artiste, elle repousse les limites de ce médium.
Conversation: Nous sommes heureux de présenter une conversation entre les artistes Jessica Eaton et Lucas Blalock le samedi 12 novembre à 15h. L’évènement est gratuit et ouvert à tous et à toutes. La conversation se déroulera en anglais.
Pour consulter le profil de Jessica Eaton, veuillez cliquer ici.
Bradley Ertaskiran remercie la SODEC pour son soutien dans l’organisation de cette exposition.