Mathieu Beauséjour

Demi-monde

21 septembre – 29 octobre 2022
Demi-monde

21 septembre – 29 octobre 2022

Bradley Ertaskiran a le plaisir de présenter Demi-monde, une exposition solo de Mathieu Beauséjour. 

Créé en 1855 par Alexandre Dumas, le terme demi-monde fait référence au groupe social constitué autour des femmes légères, qui étaient souvent entretenues par des hommes mondains. Les demi-mondes se cachent puis se dévoilent, à la fois présents et invisibles. Cette dualité des mondes et des perceptions se retrouve dans les sculptures, vidéos, œuvres photographiques et installations de Mathieu Beauséjour qui composent la présente exposition.

En guise d’ouverture, les trois photographies intitulées Bonsoir (2022) annoncent la nuit à venir. Beauséjour a sélectionné des images de corps issues de magazines érotiques gai des années 80-90, qu’il a ensuite numérisées. La transparence de la numérisation permet d’entrevoir les deux faces de la feuille. Les corps se superposent et se brouillent, l’image-double se dévoile. Les trois œuvres sont marquées d’un poinçon lumineux qui s’apparente à un soleil dans un paysage, comme pour témoigner du caractère hors-circuit des images originales. 

Ces paysages abstraits nous guident vers la projection vidéo Voyeur (2022), la principale source de lumière de l’exposition : un montage vidéo réalisé à partir d’un film amateur voyeuriste 8 mm datant des années 70 et acheté sur eBay. Au cœur de Central Park, à New York, plusieurs jeunes hommes ont été filmés à leur insu alors qu’ils étaient à cheval. On comprend dès les premières minutes du film que la caméra s’oriente vers certaines parties du corps des personnages. Le concept de présentation du film est renforcé par la duplication de la projection sur tissu libre. L’image se répète, se dédouble, se déploie comme dans un rêve, un souvenir empreint de fantasme, d’interdit et de non-dit. Cette réflexion autour de l’abstraction du corps se retrouve dans la série d’œuvres photographiques Enveloppe (2022) et La peau des fesses (2022)

L’interaction entre l’univers matériel des images et la sensualité des corps, l’empreinte de nostalgie, de fétichisme, de pouvoir et de désir qui ponctue les images, constituent certains des ingrédients forts de l’univers de l’artiste et de cette exposition. D’autres œuvres, dont deux sculptures en bronze, jouent aussi sur cette esthétique de la dualité en prenant comme fil conducteur de la réflexion le célèbre ouvrage de Gilles Deleuze, Le pli, Leibniz et le Baroque (1988). Mathieu Beauséjour exploite l’idée du pli, de la ligne et de l’abstraction des corps avec nostalgie et intelligence dans un corpus pointu et judicieux qui ne cesse jamais d’interroger.

— Anne Roger

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