that which trembles wavers
09 mars – 22 avril 20239 mars – 22 avril 2023
Vernissage: 9 mars, 17h à 20h
Bradley Ertaskiran se réjouit de présenter that which trembles wavers, une exposition solo d’Azza El Siddique. Conçu spécialement pour l’espace du Bunker, l’environnement sensoriel immersif d’El Siddique met en scène une structure en acier à plusieurs niveaux, entrecoupée de formes sculpturales faites d’eau, d’argile, de métal et d’huile et subissant toutes une transformation entropique. L’exposition est la matérialisation des recherches d’Azza El Siddique sur la mythologie et l’histoire de l’Égypte et de la Nubie, notamment sur les échanges transculturels et les dynamiques de pouvoir intégrées, réinterprétées à travers une matérialité poétique.
La culture égyptienne a nourri l’imaginaire des Européens alors que les expéditions coloniales du XIXe siècle ont suscité une frénésie pour les objets de collection. Nommée à juste titre l’égyptomanie, cette période a été celle d’une excavation massive de trésors archéologiques et, avec elle, d’un effacement culturel en faveur de la classification et de l’accumulation d’objets, constituant à ce jour les collections des musées occidentaux. Des siècles de pillage du continent africain, marqués par un engouement pour les biens culturels et la conquête des peuples et de leurs richesses, en appellent à un lent retour en arrière, un besoin de déterrer des histoires, des mythes et des souvenirs alternatifs ou oubliés. Les œuvres d’Azza El Siddique, qui témoignent d’une dextérité matérielle riche de possibilités et de découvertes, visent à éroder les récits et les systèmes de connaissance qui sont immortalisés dans l’histoire et à révéler ceux qui ont été laissés derrière.
Le passé et le présent se confondent dans une lente combustion d’acier, de porcelaine noire et d’huiles parfumées. Des urnes en céramique fracturées et des masques africains moulés à la main sont posés sur des supports en acier noirci, pastichant les méthodes de présentation sophistiquées associées aux expositions muséales ethnographiques. Tout près, des peintures de rouille montrent des images élaborées et oxydées de miroirs sculptés excavés en Nubie et en Égypte, et tirés du répertoire visuel de l’artiste. Fidèles à l’alchimie sensorielle pour laquelle Azza El Siddique est reconnue, des chambres à parfum activées par la chaleur libèrent des effluves de bois de santal à travers la pièce, un clin d’œil aux recherches de l’artiste sur la parfumerie soudanaise ancestrale. Le travail d’El Siddique existe dans les glissements entre le personnel et l’archive, une réinterprétation de l’histoire priorisant la fluidité et le changement plutôt que la rigidité et la permanence.
Posé sur une plateforme d’acier et entouré d’échafaudages métalliques en corrosion, se trouve un serpent monumental à deux têtes, un symbole de pouvoir ornant les artéfacts égyptiens et nubiens. Fait de biscuit de porcelaine, le serpent géant se dégrade et se ternit en temps réel sous l’effet des gouttes d’eau provenant d’un système d’irrigation aérien. En naviguant l’installation multidimensionnelle d’Azza El Siddique, les visiteurs croisent des curiosités sensorielles, comme s’ils exploraient un vaste mausolée. Pourtant, au contraire de la longévité propre aux monuments et artéfacts, sculptés dans la pierre ou conservés dans des réserves muséales, les œuvres d’El Siddique sont des ruines en devenir. Imprévisible et poignant, son travail accueille la transformation et remet en question la perméabilité des reliques et des héritages coloniaux qu’elles incarnent.
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