Carlos Reyes, Gabriele Beveridge

Laps

28 avril – 28 mai 2022
Laps

28 avril – 28 mai 2022

Bradley Ertaskiran se réjouit de présenter Laps, une exposition duo réunissant Gabriele Beveridge et Carlos Reyes. 

Lorsque l’on s’attarde à la façon dont les œuvres de Beveridge et Reyes échangent, respirent et se meuvent ensemble, quelque chose d’indicible s’en émane, un sentiment, une attirance, une sensation, une charge énergétique circulant d’une œuvre à une autre. Dans Laps, cette énergie qui circule est abondante et palpable, dès les débuts du processus de création — dans la méthode active de soufflage du verre de Beveridge, jusqu’à la fin de vie d’un objet, dans l’utilisation que fait Reyes de matériaux trouvés, épuisés par les interactions humaines. Les œuvres présentées arborent les traces du mouvement, de l’électricité et du temps, démontrant comment l’énergie humaine et mécanique peuvent activement transformer le verre, le métal et le tissu en quelque chose de nouveau, ou les désincarner entièrement de manière passive.

Beveridge combine les matériaux et les formes organiques d’une façon qui rappelle le rythme et la tension des corps en mouvement : des respirations cycliques nécessaires à la création de ses œuvres en verre soufflé, aux gestes répétitifs de traction et d’assemblage pour façonner ses sculptures en cheveux synthétiques. Dans son installation Lattice (2022), des orbes de verre soufflé à la main sont suspendus dans un équilibre précaire sur une grille de crochets, leurs formes souples et organiques s’adoucissant contre les appendices métalliques discordants, évoquant une sensibilité exacerbée​; le verre rose alléchant nous invite à nous rapprocher, mais nous retenons notre souffle comme si la moindre expiration, le moindre mouvement pouvait l’altérer à jamais. À travers la série Orbit, des cheveux synthétiques sont tendus sur un disque fuselé; le résultat est rigide et élégant, tel un mouvement interrompu dans le temps. Si les sculptures de Beveridge sont d’une présence palpable, ses photogrammes Lightpool sont ancrés dans l’absence; les formes abstraites circulaires de couleur chair créées par les empreintes laissées par le verre, sont comme une trace tactile laissée derrière. 

Exploitant les objets trouvés, le travail de Reyes porte les traces mécaniques de la vie humaine et du temps qui passe, notamment sa série Sarah (2022), réalisée à partir de présentoirs de bijoux passés au soleil provenant d’une bijouterie new-yorkaise désaffectée. Photogrammes accidentels, les panneaux de velours rouge portent les empreintes délavées de chaînes, de boucles d’oreilles et autres, vestiges d’un commerce et d’un labeur révolus. Dans son installation Untitled (2022), d’imposantes courroies de tapis roulant en caoutchouc cascadent du plafond; d’un côté, on aperçoit le nom du fabricant, de l’autre, les marques et reliefs laissés par les corps et machines en mouvement. Les sculptures de Reyes sont des fossiles de l’énergie humaine: des matériaux et des objets qui ont absorbé les effets implacables de la sueur, de la force brute et de l’électricité générée, pour être ensuite jugés inutiles et, dans leur inertie, jetés.  

Dans l’installation PROMESA (2022), deux lampes identiques fusionnées par leur abat-jour fluctuent en luminosité et en vitesse, chacune représentant respectivement la consommation d’énergie en direct et les écarts électriques de Porto Rico et de Montréal. Ici, les lumières pulsées et épuisées de Reyes imagent, en temps réel, les courants corporels sous la forme de surtensions et de pénuries d’électricité. Ensemble, les sculptures de Beveridge et de Reyes manifestent une énergie contrôlée et expulsée, circulant du corps à l’objet, de l’objet au corps.

 

Pour consulter les œuvres de Gabriele Beveridge veuillez cliquer ici.
Pour consulter les œuvres de Carlos Reyes veuillez cliquer ici.

Les œuvres de Carlos Reyes sont présentées en collaboration avec Derosia, New York. Carlos Reyes, PROMESA (Laps) (2022) : Ingénierie du design par Sam Wolk.