The Night Blooms

Bradley Ertaskiran a le plaisir de présenter The Night Blooms, une exposition solo de Rick Leong.

Réalisée sur plusieurs années, l’exposition The Night Blooms de Rick Leong constitue une méditation sur des écosystèmes enchevêtrés, qu’ils soient naturels, culturels, spirituels ou autres. Dans ses paysages riches et stratifiés, peu de toile est laissée nue ; nous sommes complètement absorbés par les branches tourbillonnantes, les vignes qui se déploient et les ruisseaux d’eau douce qui coulent dans les forêts anciennes, sujet récurrent dans l’œuvre de Leong. Dans la tradition du Romantisme, les paysages de Leong montrent la grandeur sublime de la nature au-delà de l’intervention humaine, tandis qu’ils empruntent au taoïsme l’accent mis sur notre connexion inhérente au monde naturel. Ses scènes détaillées et mélancoliques sont calmes mais animées, saisies juste avant le début de l’activité nocturne, lorsque la vie renaît, alors même que le soleil se couche.

Leong, canadien d’origine chinoise, fusionne souvenirs personnels, peinture d’observation et iconographie traditionnelle dans ses paysages. Dans cette série, l’utilisation d’une palette monochrome bleue s’inspire de la poterie bleue et blanche, une ancienne tradition chinoise reconnue pour ses motifs complexes au cobalt. Ce style fut largement copié dans l’Europe du XVIIe siècle, parallèlement à l’avènement de la Chinoiserie. Le motif courant du saule fut produit en série en Grande-Bretagne, imitation simplifiée de la poterie bleue et blanche, convoitée pour ses représentations fantaisistes d’oiseaux, de la flore et d’autres semblants imaginés de la culture et de l’artisanat chinois. Le saule pleureur, symbole enchanteur de cette vaisselle prisée et motif récurrent dans les peintures de Leong, possède également une histoire particulière; originaire du nord de la Chine, il a notamment été transplanté sur les côtes nord-américaines. Leong voit dans ces histoires matérielles entremêlées des analogies pertinentes avec l’expérience diasporique, où la culture visuelle se transmet, évolue et se transforme continuellement au contact des nouveaux territoires qu’elle habite.

Leong s’intéresse beaucoup à l’interconnexion des éléments. Ses toiles regorgent d’une végétation dense, de branches entrelacées et d’animaux fouisseurs, portrait paradisiaque d’un écosystème florissant et symbiotique qui semble se développer en temps réel. Cette magie de l’écologie se révèle à travers des créatures chimériques, comme dans Spell of the Sensuous, composé de gerbes d’hybrides floraux imaginaires. Dans la “grotte” du Bunker, l’œuvre de Leong atteint son apogée fantastique : des ruisseaux s’écoulent librement vers des mondes cachés, à travers des cavernes sombres et des sous-bois épais. Dans ces bribes d’une vie intacte, nous pressentons que les éléments s’épanouissent en notre absence, vivants, sans que nous en soyons témoins.

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