Janet Werner

Spiders and Snakes

21 mars – 04 mai 2024
Spiders and Snakes

21 mars au 4 mai 2024

Bradley Ertaskiran a le plaisir de présenter Spiders and Snakes, une exposition solo de nouvelles peintures de Janet Werner. Ce corpus d’œuvres poursuit les explorations uniques et hybrides de l’artiste dans le genre du portrait, dans lesquelles elle crée ses propres règles en réunissant des représentations concurrentes de la beauté et du désespoir, de l’humour et de l’inconfort.

Les peintures vibrantes de Werner introduisent souvent des personnages, des lieux et des intensités disparates au sein de la même image. Dans Whitby, deux scènes s’entrechoquent : un personnage en mouvement converge avec un corps statique, un paysage vivant d’un côté et un intérieur clairsemé de l’autre. L’union n’est pas parfaite ; les deux séquences se rencontrent de manière décalée, comme deux forces opposées qui se heurtent et se bloquent immédiatement. Le résultat est une collision qui donne naissance à une créature monumentale et composite dégageant une présence innommable, un grand monolithe plutôt qu’un portrait conventionnel.

Helicopter exerce une tension similaire dans ses membres et ses vitesses opposés, deux paires de jambes en rotation s’unissent sur la toile, l’une dans une pose joyeuse la tête en bas et l’autre rigide comme un cadavre. Dans cette œuvre, comme dans beaucoup d’autres, nous tournons la tête sur le côté, ou même à l’envers, pour suivre l’orientation des membres flottants, comme si cela pouvait révéler le secret des compositions changeantes de l’artiste. Werner semble prendre plaisir à mystifier le spectateur, en détachant ses sujets des contextes familiers de la culture populaire et en les mettant en scène dans des contextes étrangers. Dans Jockey, Werner coupe brusquement le visage d’une femme au niveau des yeux et l’entoure d’un vide gris lumineux, l’aveuglant complètement. Troublante par son absence de contexte, l’œuvre met en avant des stratégies formelles audacieuses : détacher, couper et isoler l’image sur la toile, afin de transmettre un sentiment profond de vulnérabilité et de vide.

En superposant et en pliant image après image, Werner ajoute une profondeur spatiale et psychologique aux représentations souvent simplistes des corps féminins que l’on retrouve dans les sources photographiques à la base de ses œuvres. Feathers and Fold a toutes les qualités d’un éditorial à impact fort ; il est facile de se perdre dans la veste de fourrure rose luxuriante, les gants de cuir élégants et les boucles furtives, pour être ensuite déconcerté par le pli marqué du coin de l’image qui cache le visage du sujet. Au lieu d’utiliser des marqueurs d’identification, Werner peint le visage d’une seule traînée dégoulinante, faisant écho aux lignes floues du contour de la toile. Une déchirure ou une tâche imparfaite sur une image par ailleurs sans faille.

Et pourtant, malgré le curieux malaise souvent suscité par la bifurcation magistrale des sujets et de leurs mondes, l’espièglerie reste toujours le moteur de ses œuvres. Bingo est carnavalesque dans sa composition animée et étrange ; des accessoires ludiques et une palette vive éclipsent le rendu particulier du torse désolidarisé et disparate du sujet. Werner a masqué le torse d’un aplat de couleur orange, comme si elle commençait une nouvelle peinture sur l’ancienne, sans chercher à aligner les traits et à créer un nouvel ensemble symétrique. Ici et plus généralement dans la pratique de Werner, quelque chose de fantaisiste et d’ingénieux se déploie sur la toile, une énigme ondulante.

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