Jeremy Shaw

Localize Affect

19 septembre – 02 novembre 2024
Localize Affect

19 septembre – 2 novembre 2024
Vernissage : 19 septembre, 17h à 20h

Bradley Ertaskiran a le plaisir de présenter Localize Affect, une exposition solo de Jeremy Shaw, artiste canadien basé à Berlin. S’appuyant sur l’intérêt continu de l’artiste pour les représentations de l’intangible et du profond, Localize Affect met en avant l’aspect physique de la pratique multiforme de Shaw. Ici, les notions de transcendance et de dévotion se manifestent à travers un lexique visuel de verre, d’acier, d’ombre et de lumière.

Dans la salle principale de la galerie, les sculptures en vitrail de Shaw (Maximum Horizon) fusionnent la précision et la logique au spirituel et au profane. Réalisées à l’aide de techniques traditionnelles de verre soufflé et de plomb, conjuguées à des dégradés de couleurs vibrantes, les œuvres et leurs jeux d’ombres reproduisent l’émerveillement et la majesté qu’évoque l’iconographie religieuse. Les vitraux historiques étaient le plus souvent admirés de très loin, inaccessibles, mais hautement proches de la divinité. L’œuvre de Shaw est réalisée selon les mêmes principes divins et transformateurs de la lumière, mais elle est contemplée de près, un peu comme si l’on regardait un écran. Ces œuvres à perspective unique rappellent les représentations de vortex, de portails et d’horizons numériques, omniprésentes dans la science-fiction, la culture pop et l’imagerie spirituelle pour suggérer le passage d’un état, d’une réalité ou d’une existence à une autre. Ils invitent la personne qui les regarde à aller de l’avant, vers l’inconnu, l’infini.

Les murs de la galerie présentent des prismes photographiques issus de la série Towards Universal Pattern Recognition. Puisés dans les archives de journaux, les clichés de presse originaux montrent des individus dans divers états de transformation spirituelle, psychologique et technologique : des mains tendues jointes en signe de dévotion fervente, une foule envoûtée encerclant l’écran d’un des premiers ordinateurs, un homme isolé, allongé sur le sol dans un soulagement méditatif. Des lentilles prismatiques taillées sur mesure agrandissent et répètent les photographies qui se trouvent en dessous ; une distorsion psychédélique des images historiques qui semble remettre en question la véracité de l’image documentaire en tant que forme de témoignage elle-même. Vue sous tous les angles, sans deux perspectives identiques, les lentilles réfractées plient la lumière en un effet de kaléidoscope qui amplifie la catharsis des sujets ; les événements semblent théâtraux, issus d’un autre monde en dépit de leur provenance archivistique. Que ce soit par la promesse d’une technologie transformatrice ou d’une découverte spirituelle, les œuvres de Shaw cartographient, déforment, animent et perpétuent ces enregistrements d’une transcendance humaine perçue au-delà du cadre.

La sculpture multimédia Untitled (There In Spirit) est une expression de dévotion à travers le déploiement de la lumière. Occupant l’espace du Bunker, qui rappelle un tombeau, le support en acier contient un ensemble de 156 bougies votives électriques encastrées dans du verre rouge. Le résultat est hypnotique : un arrangement apparemment aléatoire de flammes électriques clignote d’abord par intermittence, puis évolue lentement vers un motif de tunnel oscillatoire qui consume l’ensemble de la trame, sa vitesse augmentant vers l’infini. Le temps semble suspendu alors que notre attention se fixe sur l’écho sans fin de la lumière synthétique d’une bougie vacillante. La sculpture emprunte la monumentalité d’un monument commémoratif ou d’un autel, portant avec elle des accents inhérents de contemplation et de deuil, tout en dégageant cette force sans nom et hypnotique qui nous attire vers les lieux de culte et de dévotion, anciens et nouveaux, spirituels et technologiques. Si la pratique artistique plus large de Shaw, en particulier son travail cinématographique, plonge dans une transcendance intangible, ici, la foi omniprésente est matérialisée par la lumière, l’ombre et le son ; une accumulation physique de prière, de piété et d’espoir.

Jeremy Shaw (né en 1977 à North Vancouver, C.B.) vit et travaille à Berlin, en Allemagne. Il a récemment exposé à la Hamburger Bahnhof (Berlin), aux Deichtorhallen (Hambourg), au Centre Pompidou (Paris), au MoMA PS1 (New York), au Schinkel Pavillon (Berlin), au MOCA (Toronto) et au MAC (Montréal), et a participé à des expositions internationales telles que la 57e Biennale de Venise, la 16e Biennale de Lyon et Manifesta 11, à Zurich. En 2016, il a reçu le Sobey Art Award et a été artiste en résidence au Hammer Museum de Los Angeles en 2018. Les œuvres de Shaw figurent dans des collections publiques à travers le monde, notamment au Museum of Modern Art (New York), au Centre Pompidou (Paris), à la Tate Modern (Londres) et au Musée des beaux-arts du Canada (Ottawa).

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