Horizons

23 janvier – 01 mars 2025
Horizons

23 janvier au 1er mars 2025

Mathieu Beauséjour
Jessica Eaton
Nicolas Grenier
Landon Mackenzie
Alexandre Pépin

Bradley Ertaskiran a le plaisir de présenter Horizons, une exposition de groupe qui met en valeur le travail de Mathieu Beauséjour, Jessica Eaton, Nicolas Grenier, Landon Mackenzie et Alexandre Pépin. Ici, l’horizon occupe à la fois le rôle d’outil et celui de dispositif symbolique, un moyen de jouer avec nos limites visuelles et spatiales pour façonner et interroger les frontières physiques et métaphoriques de notre monde. 

L’artiste multidisciplinaire montréalais Mathieu Beauséjour exploite les effets optiques pour créer des paysages anonymes, à la fois aliénants et familiers. De fines lignes de graphite se croisent et se font écho, vibrant sur la douce toile de fond noire, apparaissant hypnotiquement précises de près et presque invisibles de loin. Les vides de l’espace négatif — le cadre sombre, une ligne d’horizon vide, une ombre inquiétante, une lune en suspens, peut-être — contre les marques contrastées chargées donnent l’impression d’un espace désert et infini, comme une matrice à la base de notre monde numérique. Pourtant, malgré la démarche laborieuse de l’artiste et la clarté austère des dessins, ces paysages ne sont pas identifiables ; la distance, le temps et le lieu ne sont pas évidents, comme s’il s’agissait d’une carte routière sans destination.

Jessica Eaton, photographe basée à Toronto, sonde les réalités perçues de son médium, comme en témoigne sa série IOC. Nommée à juste titre d’après l’œuvre Interaction of Colour (1963) de Josef Albers, la série d’Eaton s’orchestre par des variations de cubes lumineux placés les uns dans les autres, uniquement perceptibles par l’œil humain grâce à un processus analogique fastidieux qui transforme les cubes gris tridimensionnels en une image vive et aplatie. Les teintes surnaturelles d’Eaton combinent l’émerveillement d’une peinture géométrique abstraite avec la précision et la perplexité visuelle générées par un processus hypercalculé ; les formes concentrées et symétriques échappent à toute définition, leur objet n’étant révélé que par une légère ombre. Malgré cela, on ne sait pas si les formes s’éloignent ou se rapprochent, tel un portail ouvert sur l’inconnu. Le temps, l’espace et la profondeur s’effondrent dans une seule image.

Le montréalais Nicolas Grenier crée des peintures minutieuses qui frôlent la métaphysique. Les œuvres de Grenier sont méticuleusement alimentées par un intérêt constant pour la traduction des dynamiques sociales et politiques en systèmes visuels, notamment sous forme d’abstractions géométriques parsemées de codes, d’éléments de conception, de symboles et de phrases. Les agencements de couleurs calculés convergent en gradations transparentes — du bleu doux au jaune perçant en passant par un orange profond, si harmonieuses et si expertes dans leur précision qu’elles semblent avoir été produites numériquement. Le processus logique de Grenier engendre des résultats affectifs : une lumière rayonnante émane de la toile, à la fois apaisante et stimulante, dont la force n’est freinée que par les limites du cadre.

La clarté rencontre l’obscurité dans les peintures texturées d’Alexandre Pépin. L’artiste, qui vit à Austin, a souvent recours à des procédés visuels et narratifs mis au point par les peintres byzantins et ceux de la Renaissance pour évoquer l’espace et l’émerveillement. Les illustrations planes et superposées sont divisées en panneaux ou en scènes intimes, comme des tapisseries ou des fresques anciennes, et inclinées comme si elles étaient destinées à être observées de différents points de vue, à la fois de près et de loin. Chaque toile révèle des formes et des motifs distincts, accentués par des taches de peinture ou de pastel s’apparentant à celles des pointillistes, avec des aperçus de toile brute. Ce traitement singulier de la surface dissimule autant qu’il révèle les personnages, les natures mortes et les paysages peuplant l’univers de Pépin, comme si notre regard traversait un voile délicat.

L’artiste canadienne Landon Mackenzie plonge également dans la peinture texturée et expérimentale, comme en témoigne sa série Weather Pattern (2021 —), une expérience pérenne qui soumet les surfaces altérées de ses œuvres d’art à des processus de transformation. Ces œuvres sont réalisées en plein air. Mackenzie applique des couches de peinture et d’autres matériaux sur d’énormes pans de toile et les expose aux éléments, puis les traîne sur un autre terrain, les enduit à nouveau, les réexpose, et ainsi de suite. Le processus génère des résultats variés et magiques ; la toile de lin imprégnée rétrécit et se froisse à force d’être déplacée de part et d’autre, parsemée de teintes profondes, de taches blanchies par le soleil, d’éraflures causées par la pluie et le vent, et de morceaux de terre durcis. Il en résulte une constellation ou une carte qui porte la mémoire tangible des lieux rencontrés, retraçant autant les changements de terrain que ceux de l’artiste.

Dans Horizons, les œuvres exposées révèlent des sites de transition : du jour à la nuit, là où la terre rencontre la mer, là où l’invisible se fait visible.

Les œuvres de Landon Mackenzie sont présentées en collaboration avec la Nicholas Metivier Gallery, Toronto.