Fall and Spin
17 juillet – 30 août 2025
Du 17 juillet au 30 août 2025
Vernissage: jeudi 17 juillet, 17h à 20h
Amélie Bigard
Zoe Ann Cardinal Cire
Azza El Siddique
Sharona Franklin
Ben Gould
Frantz Patrick Henry
Christopher Paul Jordan
Yarema Malashchuk & Roman Khimei
Audie Murray
Veronika Pausova
Preston Pavlis
Kira Scerbin
Bradley Ertaskiran est ravie de présenter Fall and Spin, qui réunit des artistes internationaux dont les pratiques explorent les tensions entre la tendresse et le contrôle, l’exposition et le confinement. Les œuvres partagent une perception du corps où son poids, ses seuils et ses limites le placent à la fois comme sujet et comme réceptacle de vulnérabilité. Elles suggèrent les moyens, qu’ils soient réels ou artificiels, que nous employons pour nous protéger et nous consoler des douleurs qui nous menacent.
Plusieurs œuvres abordent les nombreuses sensibilités du corps, les soins qui lui sont prodigués et la négligence dont il fait l’objet. L’installation Wish You Well (2022) de Sharona Franklin oscille entre subsistance et contamination. Dans une exploration critique de la toxicité et des maladies chroniques, des matériaux organiques et biomédicaux – champignons, os et déchets dangereux – sont sertis dans une gélatine séchée tels des pierres précieuses. Les sculptures de Ben Gould abordent également l’instabilité des corps : des instruments tranchants viennent à la rencontre d’organismes délicats, des outils en métal bourgeonnent de veines et de racines. Ainsi, le potentiel à la fois rigide et fluide des corps se matérialise.
Frantz Patrick Henry incorpore souvent des matériaux de construction courants – métal, verre, pierre – qui, détournés de leur fonction utilitaire, acquièrent une sorte de pulsation. Ses scènes sont composées de découpes en aluminium superposées et complexes, à la fois tranchantes et délicates. Final Fantasy (2023) d’Azza El Siddique est en perpétuelle transformation; au fil du temps, les gouttes d’eau qui s’écoulent lentement d’un système d’irrigation suspendu érodent l’échafaudage métallique et ternissent les urnes en biscuit de porcelaine qu’il surmonte. Quatre écrans encadrent la colonne centrale de l’installation. Sur ceux-ci, des sorts tirés d’anciens textes funéraires égyptiens et nubiens, dont le Livre des deux chemins, un guide de l’au-delà, sont présentés sous forme de défilement numérique ininterrompu.
Ailleurs, le corps s’illustre par son absence délibérée. Réalisés à partir de graisse d’ours et des résidus d’une purification par la fumée (smudge), les dessins d’Audie Murray sont le résultat de gestes minutieux et répétés. Ces traces semblent réservées, voire mesurées, comme un moyen de repousser une lecture présumée de l’indigénéité souvent exigée par le regard colonisateur. Les collages de peinture et de textile de Christopher Paul Jordan privilégient également les traces accumulées, des restes et des débris d’une œuvre antérieure formant souvent leur base. Imprégner de peinture des moustiquaires et des filets récupérés est un processus délibérément futile, qui nécessite l’application répétée de couches face à la résistance de la surface. Les peintures et sculptures de Zoe Ann Cardinal Cire jouent avec la lisibilité, dissimulant, déformant ou amplifiant de manière ludique le corps humain; dans in Pr(ax)is (2023), des perles suspendues en cascade à un cadre de bois révèle la mère de l’artiste cueillant des fleurs sauvages avec une hache.
Certaines œuvres évoquent les expériences transitoires de la jeunesse. Les scènes colorées et inquiétantes que peint Amélie Bigard illustrent les joies et les névroses collectives des adolescents, qui semblent pris entre une morosité persistante et un refus de grandir. Le duo d’artistes ukrainiens Yarema Malashchuk et Roman Khimei dévoile un portrait intime de la jeunesse de Kiev dans leur film Dedicated to the Youth of the World II (2019), tourné dans un ancien studio de production cinématographique soviétique reconverti en lieu de rave. Dedicated to the Youth of the World III (2023) reconstitue l’événement presque image par image, avec la nouvelle réalité de la menace constante de l’invasion à grande échelle par les forces d’occupation russes. Présentés côte à côte, mais séparés par quatre ans, les films révèlent à la fois l’exaltation et l’aliénation de la jeunesse, son évasion et son rejet de la vie quotidienne.
Un courant surréaliste et parfois violent traverse les peintures de l’exposition. Les figures humanoïdes de Kira Scerbin sont suspendues dans une animation angoissante, vibrantes malgré leur stature peu imposante, transmettant une tension palpable à travers la surface de ses peintures. Dans les œuvres à double face de Preston Pavlis, des épingles de sûreté et des points cousus à la main transpercent la surface de la toile, ainsi que la peau de ses personnages peints, tandis que des courtepointes brodées soutiennent l’endos des peintures, assemblées de pièces de tissus familiers et réconfortants. Les peintures de Veronika Pausova montrent des fragments de corps glissants – des seins flottants, des doigts détachés et des mamelons enfilés – positionnés sur une sous-couche texturée, résultat de l’application directe d’un tissu sur une toile recouverte d’huile et de térébenthine, puis de son retrait. Une impulsion viscérale et anxieuse de saisir, de gratter ou d’apaiser notre propre corps nous envahit, comme pour nous assurer que, nous aussi, nous sommes entiers.
Les œuvres d’Amélie Bigard sont présentées en collaboration avec Galerie PACT; les œuvres d’Audie Murray sont présentées en collaboration avec Fazakas Gallery; l’œuvre de Kira Scerbin est présentée en collaboration avec King’s Leap.