Dawit L. Petros

Gold, Black, Afterlives

15 mai – 05 juillet 2025
Gold, Black, Afterlives

Bradley Ertaskiran a le plaisir de présenter Gold, Black, Afterlives, une exposition solo de Dawit L. Petros.

En 1935, alors que l’Italie était confrontée à des sanctions économiques internationales à la suite de l’invasion de l’Éthiopie, Benito Mussolini lança l’initiative « Date Oro alla Patria », exhortant les Italiens, tant au pays que dans la diaspora, à faire don de leurs biens en or afin de financer la machine de guerre fasciste. Les fondements matériels de la quête du culte national et de puissance impériale de l’Italie sont mis en évidence dans l’exposition de Dawit L. Petros, Gold, Black, Afterlives. Ce nouveau corpus d’œuvres s’inscrit dans le prolongement des explorations de longue date de Petros sur l’imbrication des récits historiques entourant le progrès et la modernité, en particulier les ambitions coloniales de l’Italie fasciste et leur héritage persistant en Afrique du Nord-Est, en Europe et en Amérique du Nord.

Cette exposition marque la première présentation publique des expérimentations de Petros avec le mylar. Ces œuvres relient les réalités contemporaines et les imaginaires historiques, évoquant une multitude d’associations visuelles et symboliques puissantes. Ce matériau souple sert de couverture de survie, généralement utilisée pour envelopper les personnes en détresse, mais il rappelle également l’utilisation prisée de la feuille d’or dans l’art et la quête de richesse et de perspectives.

Champ imposant et irrégulier de mylar froissé, What comes into being (Ricochet) enveloppe le public dans l’intensité de sa matière. À la fois intimiste et expansive, la série Werki juxtapose des sérigraphies noir et blanc inversées à un fond réfléchissant qui se prolonge au-delà des bords du cadre. Untitled (Itineraries of Dispersal, Ostia Antica, Rome, III and IV) renverse ce geste, la photographie servant alors de support structurel. Toutes les œuvres en mylar rayonnent d’une lumière chatoyante tandis que leurs surfaces sont exposées, vulnérables et imparfaites. Leur qualité miroitante implique nécessairement le public dans l’acte de regarder.

Aux côtés des œuvres en mylar, la série Spectral Fragments se compose de gravures fantomatiques réalisées par fraisage numérique (CNC), représentant les infrastructures impériales disparues, réinscrites dans des paysages photographiques contemporains. Spectral Fragment, V réimagine un système de téléphérique, la première merveille technique de l’Exposition universelle de Chicago de 1933-1934 (ou L’Exposition du siècle du progrès), avec son jumeau Spectral Fragment, IV, situé dans l’Érythrée coloniale. Spectral Fragment, III représente l’image lumineuse d’un hydravion écrasé, emblème des aspirations empiristes de l’Italie et de sa volonté de se libérer de son passé archaïque. Ici, les stratégies esthétiques de l’opacité, de la fragmentation et de l’ambivalence font surface, contredisant les récits de progrès associés à la performance technique. Fidèle à l’ensemble de sa pratique, Petros met l’accent sur l’invisibilité plutôt que sur la visibilité : ce que l’on éprouve renvoie inévitablement à ce qui échappe à la vue.

La série Recollections (Contrasting Notions) (2023–2025) ponctue l’exposition d’interventions chromatiques ; de larges bandes abstraites et saturées dominent treize images, chacune constituant une rencontre fragmentée avec des événements italo-africains. Il faut un effort soutenu pour se concentrer sur la moitié inférieure, plus figurative, des œuvres  ; chaque élément de l’image oscille entre la signification et son effacement, nous incitant à détourner le regard à la recherche d’une référence qui pourrait offrir un point d’ancrage. L’entremêlement et le chevauchement des couleurs et des images traduisent l’approche de Petros, pour qui l’abstraction est un geste actif, offrant la matérialité, la surface, la forme et le lieu comme moyens de donner corps à des récits incertains et chargés.

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