On Behalf of Things
14 novembre – 21 décembre 2024Bradley Ertaskiran a le plaisir de présenter une exposition solo du peintre montréalais Peter Campbell. Bien que l’abstraction ait souvent été au cœur de la pratique de Campbell, ce nouveau corpus d’œuvres poursuit son exploration de la matière, du motif et de la forme, tout en mettant l’accent sur l’acte et le plaisir de regarder. Sur les toiles aux multiples facettes de l’artiste, on constate une attention particulière et une adoration pour les textures tangibles des objets du quotidien : la surface arrondie d’un caillou, le motif strié de l’écorce, les silhouettes incandescentes d’un feuillage au soleil. Grâce à des applications variées de peinture, l’artiste cherche à faire ressortir les qualités visibles et invisibles d’une chose ou d’un lieu, du banal à l’exceptionnel, avec un sens perceptible de la louange et de l’émerveillement.
Il n’y a pas de méthode unique, pas de panoplie précise d’outils pour créer les peintures de Campbell. Chaque surface est traitée différemment ; que ce soit sur de la toile de jute, un panneau ou de l’aluminium, l’artiste expérimente avec la peinture, le glacis et même la cire, accumulant les matériaux et les éliminant par grattage. Les résultats texturaux oscillent entre la joaillerie et l’ornement, le graphique et l’illustration, et même le rugueux et le sculptural. Les peintures de Campbell attestent des nombreux gestes et couches de matériaux qui composent une chose : vivante, peinte ou autre. Dans Rocks (Belle Cote Beach), des marques tournoyantes et se chevauchant façonnent une façade rocheuse sombre, les crevasses étroites et les plans extérieurs lisses étant sculptés avec des textures superposées. Le résultat est une sorte de fossilisation de la toile, une fusion de tout ce qui a précédé, ce qui, dans ce cas, se prête bien au sujet géologique ; une chose usée par le temps, façonnée et appréhendée par des coups de pinceau.
Sous ses multiples formes, le marquage de Campbell possède une qualité évocatrice. Dans Backyard, Belle Cote, une cacophonie de lignes bleues et blanches acérées hurle et bourdonne comme une tourmente balayée par le vent ou une mer qui déferle. Dans Winter Forest, une forêt dense rencontre un premier plan aride et enneigé, la peinture fissurée évoquant le craquement doux et silencieux d’une promenade dans la neige fraîche. Campbell aime également jouer avec la perspective et l’échelle ; parfois, les formes sont agrandies et rendues méticuleusement comme sous un microscope, tel un bassin de crustacés vu sur une toile, ou réduites pour montrer une divine et grande étendue, tel l’arbre se balançant vu d’en dessous dans Interior of a Tree (Parc Lafontaine). L’artiste voit et traduit ses environnements par de riches couches de traits et de points, par des superpositions de peinture lisses et grossières, qui véhiculent les particularités sensorielles des créatures uniques, des paysages et des natures mortes illustrés. C’est à travers cette investigation visuelle profonde que Campbell proclame sa curiosité et son goût pour l’exploration du monde qui l’entoure, avec son pinceau à la barre.
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Les œuvres sont présentées en collaboration avec Corkin Gallery, Toronto.