The Universe Tastes Like Blueberries
16 mai – 29 juin 2024Bradley Ertaskiran a le plaisir de présenter The Universe Tastes Like Blueberries, une exposition solo de Ben Tong.
Un après-midi, en contemplant le ciel, Ben Tong eut une pensée : l’univers a un goût de bleuets. C’était comme une sorte de transmission venue d’ailleurs, une révélation. L’idée n’est pas si saugrenue : des astronomes ont bien confirmé qu’un nuage de poussière au centre de la Voie lactée se compose de formiate d’éthyle, la substance qui donne son goût à la framboise. Cela évoque le processus d’une grande partie du travail de Tong : une ouverture à recevoir accompagnée d’une recherche empreinte de curiosité, traduite par la peinture. À leur tour, les tableaux (et l’artiste) possèdent une qualité d’écoute : ils sont vivants, à la fois perceptifs et perspicaces, flottant néanmoins dans un moment d’immobilité.
Le travail de Tong est inspiré par le phénomène de la lumière. Si la lumière est à la fois une particule et une onde, aussi matérielle qu’immatérielle, ce paradoxe parfait se manifeste dans les peintures de Tong. Des coups et des traits énergiques rencontrent des pans de pigments riches et nus, comme des îlots de dense activité au milieu du vide, ce qui n’est pas sans rappeler l’univers lui-même. En réalisant ces nouvelles œuvres, Tong s’est penché sur la spectroscopie, une technique d’astrophysique qui utilise le spectre lumineux pour déterminer la composition des étoiles et des planètes, ainsi que la manière dont la lumière est absorbée et émise par les différents types de matière. C’est un domaine qui se prête bien à la création artistique, car les peintres ont depuis longtemps défini et révélé la matérialité de notre monde à travers la lumière. Prenons les pommes de Cézanne ou les meules de foin de Monet : la lumière façonne l’objet et l’objet réfracte la lumière. Le monde de Tong est plein de lueurs et d’ombres profondes ; la lumière définit et est définie par ce qu’elle éclaire.
Outre sa curiosité pour le domaine de la physique, Tong est motivé par des considérations expressives et instinctives sur la couleur. Le bleu constitue une palette récurrente dans son travail, une nuance enveloppante qui à la fois s’ancre et se dilate comme l’étendue réconfortante du ciel nocturne. Des taches de corail et de vert acide vibrent sur leur toile de fond marine. Le jaune et l’orange flamboyants irradient sous des voiles de violet foncé. Les pigments se chargent d’une énergie qui leur est propre : ils crissent, ils s’apaisent, ils palpitent. Les coups de pinceau fluctuants, qui tantôt prennent la forme de points et de tirets, tantôt celle d’amples gestes ajoutent une qualité rythmique à ses compositions, comme des ondes radio qui se déplacent sur la toile. Cette répétitivité confère également aux tableaux de Tong une sorte de qualité numérique, comme une image pixellisée éclairée par un écran bleu.
À travers les crêtes et les creux des marques pulsatoires, des formes vaguement discernables font surface : les pétales d’une fleur qui se recourbent, un chat qui se tourne dans les airs, un robinet qui coule. Pourtant, Tong planifie rarement la trajectoire de ses tableaux. Il peint avec une certaine intuition, comme s’il recevait des signaux de l’au-delà. Tong ajoute couche après couche jusqu’à ce qu’une image émerge d’elle-même, faisant doucement resurgir des profondeurs un trésor submergé, puis le guidant tendrement vers sa forme finale. Quel que soit le résultat, qu’il soit un paysage onirique ou une constellation animée, le travail de Tong est empreint d’une délibération réconfortante, comme si toutes les pièces mouvantes s’étaient alignées au bon moment pour donner naissance à cette nouvelle vie. Et le résultat est à la fois acidulé et sucré.
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Les œuvres sont présentées en collaboration avec Jack Barrett, New York.