Roadside Picnic
28 septembre – 28 octobre 202328 septembre – 28 octobre 2023
Bradley Ertaskiran a le plaisir de présenter Roadside Picnic, une exposition solo de Stephanie Temma Hier.
Une prairie, un pique-nique, un rassemblement ; des trognons de pommes, des bouteilles, des mégots de cigarettes, des restes carbonisés. C’est la scène du roman de science-fiction Roadside Picnic, publié en 1971 par les auteurs soviétiques Arkady et Boris Strugatsky, qui décrit les objets familiers laissés par des extraterrestres en visite, des matières étonnantes provenant d’un autre monde. C’est aussi la matière du monde de Stephanie Temma Hier : fourmis, déchets, oiseaux de proie, dents, poissons et ossements abondent.
Les nouvelles œuvres de Stephanie Temma Hier constituent une prouesse sculpturale ambitieuse dont le point central est la réalisation de 39 pneus en grès moulés à la main et émaillés dans des tons de joaillerie. Ces pièces ont été inspirées par les déchets industriels collectés dans le quartier de l’artiste à Brooklyn et dans la baie voisine de Dead Horse, une plage jonchée de détritus qui abritait autrefois des usines de traitement des animaux et des matériaux, et qui est aujourd’hui une capsule temporelle pour les déchets d’autrefois. Cet amoncellement de pneus, de peintures à l’huile et d’objets étranges fabriqués à la main, agit également comme un assemblage d’artefacts et des substituts de notre époque culturelle, bonne ou mauvaise. Une mouette piégée dans un anneau de soda en plastique, un hippocampe s’agrippant à un coton-tige, un homme dévorant des chips sous le regard d’un vautour.
Tout au long de l’exposition, les tons bleus et les céramiques méticuleusement fabriquées à la main nous attirent, révélant progressivement des sous-entendus bizarres et troublants. Dans Recipes for ice, des carreaux azur complexes, chacun gravé et illustré de manière unique, entourent une peinture divisée en deux de toilettes stériles et de jambes lisses et séduisantes. De délicats violets indigo constituent la toile de fond d’un téléviseur cassé qui, lorsqu’on l’examine de plus près, révèle une surface en vitrail serti d’argent. Une couverture de pique-nique à carreaux bleus est jonchée d’os de poulet, de cartes à jouer nudistes et de dentiers. Les pièces de la période bleue de Hier suscitent une fascination morbide, à cheval entre le séduisant et le grotesque. Au-delà des dangers de la consommation, nous découvrons un monde où la nostalgie de l’innocence perdue prend de nouvelles significations. Pourtant, l’ampleur des œuvres de Stephanie Temma Hier ne diminue en rien le soin ou la sentimentalité dont chaque objet est empreint ; des souvenirs personnels, doux et comiques, sont disséminés un peu partout.
À l’instar des artistes de la fin du XXe siècle qui ont exploité les déchets et les readymades, souvent dans une abondance grandiose et terrifiante, Hier se tourne vers les détritus en tant que reliques culturelles, montrant comment les biens mis au rebut peuvent servir de vestiges de la vie humaine, qu’il s’agisse d’objets intimes, de curiosités rares ou de restes en décomposition dus à de la négligence excessive. Récemment, lorsque le Pentagone a confirmé publiquement l’existence d’OVNI, l’Internet s’est mis à imaginer joyeusement ce que nous allions leur montrer, quels biens pourraient le mieux représenter l’humanité, témoignant ainsi de notre obsession pour la culture matérielle, le bric-à-brac, ce qui nous représente et, en fin de compte, ce qui nous survit. Roadside Picnic pourrait être une telle offre.
Cette exposition est dédiée à la mémoire du père de l’artiste, Ron Hier, qui est décédé pendant la création de cette série d’œuvres.
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