Esquisses d’un inventaire
09 mars – 22 avril 20239 mars – 22 avril 2023
Vernissage: 9 mars, 17h à 20h
Bradley Ertaskiran se réjouit de présenter Esquisses d’un inventaire, une exposition solo de nouvelles œuvres de Nicolas Grenier.
Hanté par l’anticipation d’un avenir de plus en plus imprévisible, le récent corpus d’œuvres de Nicolas Grenier prend l’aspect de paysages métaphysiques qui examinent les limites de la réalité. Soutenu par la conscience d’une existence progressivement quantifiée, le langage visuel de Grenier repose à la fois sur la dépendance et l’interférence des systèmes de classification de l’information. À travers une série de dessins et de peintures de dimensions variables, les œuvres émergent de l’horizon dont la vue est obstruée par l’intervention spatiale.
Une interprétation de la carte du monde par Grenier prend une place centrale dans l’exposition. Contrairement à la projection familière de Mercator avec ses masses terrestres disproportionnées, la version de Grenier déplace et modifie ouvertement les échelles topographiques. S’étalant sur 5,6 mètres et abolissant les frontières, le procédé réimaginé de cartographie territoriale aborde indirectement les préjugés ancrés dans les réseaux extractifs du nationalisme et de la colonialité. Dessinées d’une perspective aérienne en angle — tout en continuant d’incarner une structure verticale de pouvoir —, certaines zones ont été redimensionnées en fonction de la proximité relative de régions plus spécifiques représentées à partir d’une véritable distance satellite. En incluant des points de repère identifiables et des nuages passagers, Grenier joue sur la perpétuelle fluctuation de notre manière de regarder et d’être dans le monde.
Outre l’échelle, l’expérience du temps est également abordée dans les dessins de Grenier. Travaillés principalement au fusain, les éléments d’architecture et d’iconographie sont placés sur la toile de fond d’un paysage mystique. Les structures monumentales et les objets familiers semblent réduits par rapport à la qualité céleste du terrain montagneux et des vastes cieux de Grenier. Si les icônes sont les témoins d’une époque spécifique, le mélange d’identités temporelles – incorporé dans chaque dessin – dissout la signification de notre monde matériel. Ces dessins, guidés par des perspectives changeantes, permettent une attraction illusoire qui ajoute au poids corporel de l’exposition.
En juxtaposant l’énormité de ses dessins plus figuratifs, Grenier inclut également des peintures vibrantes dans la lignée de ses œuvres précédentes. À travers une variété de peintures, de miniature jusqu’au grand format, il démontre sa maîtrise de la couleur et de la dimension en jouant avec les tonalités. Passant avec fluidité des couleurs neutres aux plus vibrantes, les œuvres rappellent des visions de rêve qui contribuent à une imagerie de dissimulation. En dramatisant l’échelle des images sélectionnées par la collecte de données et l’hybridation des matières, l’exposition fait allusion à une rhétorique d’éternité qui nous invite à prendre place au bord d’un substantiel abysse.
— Traduit d’un texte de Vania Djelani
Pour consulter le profil de Nicolas Grenier, veuillez cliquer ici.
L’artiste tiens à remercier ceux qui ont travaillé à la production de l’exposition: Avery Suzuki, Catherine Desroches, Raúl Aguilar Canela, Nicolas Novali, Anne-Sophie Jetté, Ange Houtin, Dexter Barker-Glenn et Maxim Vitas Tcherkas. Merci au Conseil des arts et des lettres du Québec pour son soutien à ce projet.