Joseph Tisiga

A voice emerged from an empty room saying “get up”, telling me to “get up”. The apparition was paralyzing…

07 novembre – 19 décembre 2020
A voice emerged from an empty room saying “get up”, telling me to “get up”. The apparition was paralyzing…

7 novembre au 19 décembre 2020

Entrée libre au public aux heures d’ouverture de la galerie.

Bradley Ertaskiran est heureuse de présenter une exposition individuelle de Joseph Tisiga intitulée A voice emerged from an empty room saying “get up”, telling me to “get up”. The apparition was paralyzing… Celle-ci prendra place du 7 novembre au 19 décembre 2020.

Les œuvres récentes de Tisiga sont imprégnées d’un sentiment d’isolement manifeste, tout en présentant des éléments fantaisistes ou anxiogènes. Celles-ci prennent la forme d’aquarelles sur papier (ou dessins tels que référés par l’artiste), de peintures, d’une installation composée de panneaux de bois recouverts de pelouse synthétique agrémentée de mégots de cigarettes en plâtre, ainsi que d’une toile de tente-abri.

Le contexte latent derrière cette production prend racine dans le déménagement mouvementé de Tisiga, l’amenant à quitter sa maison à Whitehorse, Yukon pour venir s’installer à Montréal à l’automne 2019. Cette relocalisation s’est mêlée à la multitude d’évènements troublants qui ont défini l’année 2020 : « La relocalisation depuis Whitehorse a été le début de plusieurs changements importants. Mon fils, sa mère et moi-même avons quitté le Yukon au même moment et ils sont allés vivre ensemble aux États-Unis. Malheureusement, le plan initial ne s’est pas déroulé comme convenu et a été complexifié par la situation due au COVID-19. En plus de ceci, il a fallu que je passe plusieurs mois isolés dans une nouvelle ville, sans ami ni famille, ce qui a été une épreuve inattendue. Être témoin de tous les changements sociaux récents dans cette situation a été une montagne russe d’émotions, me faisant passer de l’espoir à la crainte en quelques instants et me laissant avec un sentiment de chaos ».

Pour Tisiga, l’incertitude, la peur et la solitude résument bien son expérience personnelle, voire peut-être même l’expérience collective, de la psyché du moment. La réaction de l’artiste étant de se « refermer sur soi-même » afin de pouvoir donner un sens à la réalité du moment, mais afin également d’isoler l’impact désillusionnant et traumatisant de la dernière année.

Un nombre remarquable de mégots de cigarettes méticuleusement reproduits en plâtre et peints à la main sont disposés nonchalamment sur des surfaces de pelouse synthétique afin de former des mots créant un mélange d’aphorismes, de messages énigmatiques et de rêveries poétiques. Ces paroles formées de cigarettes évoquent un certain rituel, le produit d’habitudes développées au fil du temps, où l’un discute avec soi-même, accentuant par le fait même cette absence d’interaction humaine. Les dessins et peintures de Tisiga, qui tentent souvent de réconcilier le présent avec le passé, mettent de l’avant des personnages pensifs ou vulnérables, où le poids du moment se fait plus que jamais ressentir. L’aquarelle Some Rise a été l’épine au pied de l’artiste tout au long de la réalisation de cette exposition. Déconcerté par celle-ci, Tisiga dut la retravailler à maintes reprises. C’est l’une des seules œuvres comportant plusieurs figures et elle apparait, à première vue, comme étant la scène la plus joyeuse du corpus. La relation changeante qu’a développée l’artiste avec ce dessin semble incarner deux sentiments dominants de cette exposition, soit la paralysie et la catharsis.

Pour cette exposition, l’artiste a également invité sa mère, Sally Tisiga à exposer plusieurs de ses Untraditional Dolls à ses côtés. Ces poupées sont caractérisées par un travail de perlage méticuleux et expressif ainsi que des corps sculptés à la main. Afin de décrire l’aspect spirituel qui nourrit sa pratique, Tisiga écrit : « Elles proviennent d’une mémoire ancestrale et sont une manifestation des esprits sacrés des Premières nations, aussi connus sous le nom de Grandmothers, Holy Ones, Protectors et Messengers. La connexion et la relation que nous entretenons avec ces esprits sacrés sont disponibles à tous ceux qui les recherchent et sont particulièrement précieuses en ces temps étranges ».

Joseph Tisiga, né en 1984 et membre de la nation Kaska Dena, a étudié au Nova Scotia College of Arts and Design. Il a présenté son travail dans le cadre de nombreuses expositions, notamment au Audain Art Museum (Whistler, BC), à la Kitchener-Waterloo Art Gallery (Kitchener, ON), au Yukon Art Centre (Whitehorse, YT), au Musée des beaux-arts du Canada (Ottawa, ON), à la Winnipeg Art Gallery (Winnipeg, MB), au MASS MoCA (North Adams, MA, USA), au Museum of Contemporary Native Arts, (Santa Fe, NM, USA), à la Galerie d’art d’Ottawa (Ottawa, ON) et au West Vancouver Museum (Vancouver, BC). Son travail se retrouve dans plusieurs collections muséales d’envergure, telles que celle du Musée national des beaux-arts du Canada, du Audain Museum, du Musée des beaux-arts de Montréal, ainsi que dans d’importantes collections corporatives et privées au travers le Canada et les États-Unis. Joseph Tisiga a été lauréat de REVEAL, Prix en art autochtone en 2017 et lauréat du prix Sobey en 2020. Son travail fait présentement l’objet d’une exposition individuelle au Musée d’art de Joliette (Joliette, QC) et sera également présenté en exposition solo au MSU Broad Museum en 2021 (East Lansing, MI, USA).

Sally Tisiga est née en 1960 à Lower Post, BC et est membre de la nation Kaska Dena. Elle est une survivante de la Rafle des années 60, responsable de l’enlèvement de milliers d’enfants autochtones placés par la suite en adoption dans des familles non autochtones. Elle est mère de Joseph et de Jess ainsi que grand-mère d’Edera et de Novak. Elle travaille en tant que travailleuse sociale dans des organisations Premières nations depuis 1994. Tisiga a concentré ses efforts de soutien dans le cadre de pratiques artistiques traditionnelles et contemporaines, tout en défendant la cause des populations autochtones déportées. La série Untraditional Dolls a débuté en 2009, suite à la naissance de sa petite-fille en 2008, afin de continuer à transmettre les connexions ancestrales.

Cette exposition est présentée en collaboration avec Pictura : Painting…in Montreal’s image.

Bradley Ertaskiran aimerait remercier la SODEC pour le soutien financier octroyé afin de réaliser cette exposition.

Charron, Marie-Ève. Le désoeuvrement créatif de Tisiga, Le Devoir, December 15, 2020.